Ego vero philosophiae semper vaco.
Marcus Tullius Cicero
J’ai vraiment toujours le temps pour la philosophie.
cahier de textes #5.
Ce fut la guerre, mais maintenant ça va mieux. — liste de lectures, juillet-août 2020
Ce fut la guerre, mais maintenant ça va mieux. — liste de lectures, juillet-août 2020
Ego vero philosophiae semper vaco.
Marcus Tullius Cicero
J’ai vraiment toujours le temps pour la philosophie.
Des mois, des mois
Sans voir le temple et le creux des murs
Quand sonne la poitrine à moi
À contempler les rives
Mille vagues des siècles
Je viens. Il fait si froid. […]
« Combien ?
— Cent vingt-sept mille.
— Est-ce bien tout ? »
Le notaire ajusta ses lunettes par la branche en expirant bruyamment.
« Êtes-vous fumeur ? » demanda-t-il l’air navré, et il l’était plus qu’il ne l’aurait cru. Depuis qu’il l’avait cassée, sa monture penchait légèrement vers la droite et sa tête s’était adaptée aux angles étranges que prenaient les verres caduques. La lecture lui était depuis rendue pénible ; il plissait les yeux longtemps, grattait ce qui restait de cheveux avec le bras qui ne tenait pas l’acte de succession, se raclait souvent une gorge rêche de ne pas avoir la cafetière à portée de main. […]
L’attrait surnaturel que lui prêtait son estime de lui-même apparaissait aux princes de toutes les cours comme le chef-d’oeuvre de l’insolence. Les dernières âmes à ne pas le connaître se figuraient les visages angéliques et sournois de ces mignons que ceux d’entre eux, la race des vieillards lubriques, ceinturaient de leurs affections au détriment de leurs épouses fatiguées ; et ce crédit qu’ils défendaient au nom de Dieu et de leurs certitudes s’effondrait lorsqu’enfin l’enfant remarqué anoblissait, de sa figure d’exilé, le linteau sculpté et le narthex qu’à l’ordinaire ils oubliaient de regarder. […]
Rising from unrest
William Blake
The trembling woman pressed,
With feet of weary woe ;
She could no further go.
Esche. Le grand-père venait de la campagne, alors Esche. L’enfant, chétif urbain défait, n’avait aucune similitude avec l’arbre qui avait détruit le toit de l’ancienne scierie ; peut-être avait-on trouvé une excuse à partir des racines ostensibles et enflées, étranges excroissances mousseuses par trop de raisons supérieures au fer, au cuivre et aux aigus métalliques que les soirs de grand vent faisaient tinter encore, devenus le mal ancien de la vallée. Peut-être était-ce l’irisé vendémiaire des feuilles une fois au sol, lentement décomposées, ou plutôt celui du cidre fermenté depuis l’exsudat et le miellat de l’Arbre du Monde — comment l’appelait-on, déjà, la rosée du ciel ? Peut-être étaient-ce les reflets colorés du verre humide posé sur le comptoir du bar, éclairé à demi par l’ampoule grelottante et le flou de l’heure tardive ; toujours est-il que le puceron d’Heinrich, le rêveur de Tancrède et l’impossible citadin de Dieter, par syncrétisme, avaient été baptisés, sous l’autorité du verbe tchèque et trébuchant du plus ancien, Esche. […]
Sur la table d’examen, seul
Henri Michaux
un triangle dressé
intercepte, coupe, dirige, détourne
réfracte,
réfracte.
Mieux… Il est temps de se lever. Oui, du temps. C’est l’ambition qu’il faut au nouvel aveugle pour sentir la nuit tomber ; l’homme ne connaît son corps ni sa mémoire, mais il sait ce qu’il coûte de confier l’un et l’autre à l’appréciation du temps. C’est la crainte fondamentale, désormais, et l’œil écrasé voit plus lucidement l’obscurité des combles qu’il habite, de la lucarne, timide iconostase. Il faut bien le coude et les deux mains pour épargner à la joue empreinte des lattes la crispation migraineuse d’un autre début de soirée… A-t-il seulement dormi ? Combien de temps, encore, a duré… […]