l’idole.
l’idole.

l’idole.

Il manque de belles icônes. Il y eut ces époques de poésies, lorsque l’espèce voyait encore, pendant lesquelles nous creusions les murs des maisons et où l’on déposait, délicieuses amours, le contenu de l’âme à l’appréciation d’une beauté plus grande. J’y cédais des intimités communes, de mortels ennuis, toutes les craintes de l’esquisse de rien que nous étions avant de tuer les dieux ; ils jugeaient, et nous le voulions tout à fait. On acceptait, si cela venait de plus beau que nous-mêmes ; ils n’étaient pas nous-mêmes, puis plus rien. Rien que nous. Les fenêtres s’ouvrent sur des murs. On a rebouché les alcôves.

Si nous n’avions pas été si avides de nous, peut-être serions-nous heureux d’avoir des pères et notre filiation serait aujourd’hui en paix. Nous pourrions regarder nos enfants dans les yeux en corrigeant leur grammaire, en serrant leur poignet trop fort, parfois, tout imparfaits du papier usé de nos nuques ; peut-être l’âge serait-il une sagesse remarquable.
Neuf mois pour accoucher de ça. De dieux de chair, des couronnes sur chacun d’eux, un panthéon d’infinis dorés par le seul fait qu’ils soient nés. Stérile parfois, j’assiste leur manque d’inconstance : je modèle des litanies pour leur rendre la gloire qu’ils n’ont jamais connue autour de mémoires que j’entretiens dans un latin ruiné mais solide du marbre des colonnes, du blanc qu’il reste des statues — puisqu’il subsiste encore dans le blanc, puisque nous pouvons y garder le secret des hautes mers, de la feuille qui fait la cime, de la chambre du magma ; j’y peux garder, et j’y consens, les empires passés et la douceur de savoir possible le mouvement, la couleur des fruits, la chaleur du feu. Dans le lointain, parfois, les auspices me rappellent le goût du corps, la désagréable sensation d’une goutte d’eau dans l’œil, et ainsi reçois-je l’hostie, tout vaurien que je suis.

Le centre de la nuit éclaire mes flâneries ; le long du chemin se dessine de philosophies neuves seulement dans mon esprit, car il n’y a qu’aujourd’hui que je vois le ciment sceller l’héritage. Nous remplissons les vides de dur. J’y ai consenti, j’ai coupé les arbres et moi, parmi tant d’autres, ai levé les yeux vers l’image et j’en ai respiré à grands traits l’odeur de renfermé. Alors, trop coupable d’être témoin de ma honte, j’ai profané les tombeaux et suis parti chercher mes dieux parmi d’autres vies.

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