<span class="vcard">Ideike</span>
Ideike

monsieur.

C’est dans un courant d’air, le manteau usé, qu’il perd en volume une fois rentré. Le brun de la toile s’est terni à force d’averses, de voyages en train et de rebonds du cartable de cuir sur l’os de la hanche droite, la main blafarde crispée sur la poignée depuis que la courroie s’est décousue elle-même bannie. Elle lâche, la main, évidente sur le plancher un peu escarpé, le cartable, donc, à même l’entrée à niveau avec rien ; il semble que ne s’effondre qu’un côté de l’immeuble. Il fatigue, son bras tombe avec la poignée, il semble, mais non, non, c’est seulement le manteau qui traîne, fatigue d’être porté et qui par son vote illustre signe son exil ; et d’un geste auquel manque quelques articulations le manteau est banni, le professeur congédié. […]

c. leconte de lisle

Vers la fleur dorée il descend, se pose
Et boit tant d’amour dans la coupe rose,
Qu’il meure, ne sachant s’il l’a pu tarir.

Leconte de Lisle

m. maeterlinck

Tu ?… Voilà, voilà !… Ce n’est plus nous qui le voulons !… Tout est perdu, tout est sauvé ! tout est sauvé ce soir ! – Viens ! viens… Mon coeur bat comme un fou jusqu’au fond de ma gorge… Ecoute ! écoute ! mon coeur est sur le point de m’étrangler… Viens ! Viens !… Ah ! qu’il fait beau dans les ténèbres !…

Maurice Maeterlinck

À Dieu.

Vous m’arrachez la gorge, Votre Grâce, et je suis las d’écrire les lettres que vous déchirez. La force a quitté mes bras assommés et ma tête cassée : parfois ils sentent germer le sursaut de ma patience et savent accrocher de la raison à un art primitif, un tarot tiré les yeux soudés. Voilà une divination parjure : je devine un amour pour vous au-delà de moi, égoïste au loin, navré de sa nature… Il vous veut comblé ; il chasse la médiocrité et cueille les reflets qui échouent dans les nœuds de vos mains alors sûres d’être aimées. […]

ploie.

Il cueille la juste gourmandise, le rêve à point comme une cerise noircie, les lèvres acides d’une goutte de sueur toute humaine, compensée sans gêne par le sucre de son baume ; il goûte, fin gourmet, aux saveurs de sa nuque penchée qu’il imagine à la merci de ces doigts agités, sages toujours sur le dossier, pudique retenue de l’amant public ; il ploie, à son service tout destiné, le corps engagé dans la passion de son présent, devant lui accompli, sur un baiser anobli et s’efface autour d’eux, lugubre horizon de la pièce encombrée, la poussière de l’assemblée aux yeux clos. Ceux-là se sont trompés d’existence. […]

c. baudelaire

— Elle pleure, insensé, parce qu’elle a vécu !
Et parce qu’elle vit ! Mais ce qu’elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu’aux genoux,
C’est que demain, hélas ! il faudra vivre encore !
Demain, après-demain et toujours ! — comme nous !

Charles Baudelaire

leurres.

Par l’aiguille recouds, Ciel, croyance païenne,
La douce lettre à mes ongles volée ; attire,
S’il te plaît, son encre moins noire que mes pensées
Tout contre son col rouge de langueur pour mon ire,
Merci. […]